mardi 23 février 2016

Une nouvelle vie


Ce matin Marie n’arrive pas à se lever. Cela fait maintenant une bonne quinzaine de jours que son ventre tendu comme une corde lui lance des tiraillements douloureux et puis ce matin, cette barre en bas des reins…

Elle a entendu Jean se lever, maintenant il fait une sommaire toilette à l’eau du seau qu’il a été tiré au puits.

Non, décidément, ce matin cela ne va pas : Marie a passé la nuit à demie assise sur sa couche et ne s’est pas beaucoup reposé. Il est vrai que la lune était pleine hier soir et les vieilles du village lui ont assuré que serait pour elle le signe de la délivrance.

Doucement, elle soulève la tenture protectrice du lit et elle demande à Jean d’aller chercher la voisine pour l’aider : elle en est sûre maintenant, le petit va arriver aujourd’hui.
Le cœur lui battant aux oreilles, Jean file en courant jusqu’à la chaumière de la Joliette : comme si elle avait su, la voilà justement qui le rejoint à la hâte. Elle porte son panier avec tout son nécessaire : les linges propres, le ciseau aiguisé, le fil…


Rentrant dans la pièce commune, Jean et la Joliette voient que Marie a déjà reçu une bonne aide de sa sœur Louise qui passait la voir : Marie est allongée sur le « lit de douleur » installé non loin de la cheminée pour la maintenir au chaud, elle est vêtue d’une camisole recouverte d’une chemise qui lui descend aux genoux, de gros coussins la maintiennent semi assise, de l’eau frissonne dans un grand baquet au-dessus du feu. Jean est prié d’aller voir dans l’étable comment vont les vaches !

Marie n’a pas peur, elle se sent en confiance, elle est bien entourée et encouragée par la voix tranquille et douce de la Joliette. Sa soeur Louise lui parle de sa propre expérience de la maternité, on papote…
 
 

Pour un premier enfant, le travail n’a pas été trop long, il faut dire que Marie a de belles anches bien larges qui ont facilité la sortie du nourrisson. Aussitôt sorti, aussitôt attrapé, baigné, nettoyé, frotté, langé et habillé, réchauffé et enfin, présenté au regard de sa mère : Marie sourit de bonheur devant cette petite vie qui débute…
Le linge souillé retiré, la pièce rangée, la Joliette et Louise invite le jeune père à les rejoindre : Jean est ébloui de ce tendre tableau formé par son épouse et son enfant, son premier, son fils !

 

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